D'abord s'émerveiller.
Changer de regard. Décider de voir la beauté. Jean-Claude Guillebaud revient sur celles glanées au fil de son existence; l’émotion ressentie devant une peinture pariétale à Lascaux, la parade amoureuse d’un oiseau, le basculement du ciel au-dessus de nos têtes, la rencontre avec une « belle personne », la fulgurance d’une passion. Ce chant du monde nous rappelle que la beauté est rare et précieuse. Qu’il faut la chérir et s’en émerveiller. D’autant plus à l’heure où la planète se fait souffrante.

En voici un extrait:
À force, j’ai compris pourquoi ces rencontres produisaient en moi une telle émotion. Furtifs, insaisissables, ces animaux incarnent une sauvagerie et une liberté dont nous avons perdu l’usage. Et oublié la saveur. Si nous sommes troublés en croisant leur chemin, c’est parce qu’ils vivent véritablement « Ailleurs ». Ils habitent un monde que nos routes et nos glissières de sécurité ne sont point parvenues à enrégimenter. Ce sont les habitants d’un monde d’avant.
Ils tiennent tête aux bétonnages et ronds-points qui quadrillent ce que nous appelons le monde civilisé. Ils suggèrent, à leur façon, une rébellion nécessaire. Ils nous rappellent que nos modernités successives – et ravageuses – laissent subsister des interstices, des périmètres intouchés qui relient secrètement à la vie vivante.
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